Il y a plusieurs manières d’être père !

Auteur : Daniel Coum, Psychologue clinicien - Psychanalyste

Cela n’échappe plus à personne d’ailleurs : les pères d’aujourd’hui ne ressemblent pas à ceux d’hier et encore moins à ceux d’avant-hier ! Il y va de l’évolution des mœurs dont on ne peut, à certains égards, que se réjouir, même si cela ne va pas dans quelques déconvenues. Du père « chef de famille » dont l’autorité est difficilement contestable au « papa-poule » qui participe à l’accouchement et est le copain de ses enfants, un grand pas a été franchi vers moins de soumission pour plus de liberté ! Ce dont on ne peut pas contester qu’il s’agisse d’un progrès n’est cependant pas sans conséquences dont nous pouvons déplorer les effets secondaires : là où l’autorité de nos grands-pères s’appliquer parfois implacablement et maintenait un certain ordre du monde justement qualifié de « patriarcal » l’autorité des papas 2.0 est « cool » c’est à dire discutable y compris par les enfants eux-mêmes. Tout le monde – hommes, femmes et enfants – y gagne en épanouissement personnel mais… y perd en sécurité affective et relationnelle !

 

Devons-nous pour autant crier pour le déplorer au « déclin du père »? S’il s’agit de constater que le père de la tradition n’est plus le modèle dominant on ne saurait le déplorer. Les femmes et les enfants (mais peut-être les hommes également ?) savent le prix à payer par tous d’avoir eu à se soumettre à la domination du « pater familias ». Mais s’il s’agit de constater que le déficit d’autorité dans les familles se double de l’agitation anxieuse de nombre d’enfants (et de l’épuisement de leurs parents !) sans doute devons-nous considérer qu’il s’agit là des effets secondaires négatifs d’un progrès. Et il s’agit non pas tant de revenir au modèle ancien – même si cela tente certains – que de redessiner, à partir des besoins des enfants, les figures contemporaines de la fonction paternelle et de comment la soutenir, si besoin !

Est-ce donc que les enfants ont besoin d’un père ? Sans aucun doute ! Comment pourraient-ils s’en passer ? Et pourtant il est des familles où il n’y en a pas et dans lesquelles les enfants ne vont pas si mal que ça ! Nous devons en déduire que la question est plus complexe que « un père » ou « pas de père » !

Les sciences humaines en général et la psychanalyse en particulier nous permettent d’avancer ceci que les enfants ont besoin, pour grandir, d’avoir affaire avec des hommes et des femmes – dont certains, plus engagés que d’autres, auront la qualité de « parent » – qui apportent à l’enfant les ingrédients affectifs, relationnels et culturels aptes à lui permettent de grandir c’est à dire de sortir de sa condition initiale à savoir d’être très immature et très dépendant.

C’est parmi ces « ingrédients » nécessaires à l’enfant que vont venir se loger l’essentiel de que l’on nomme rapidement « parentalité » à savoir l’aptitude des parents à prodiguer à leurs enfants ce dont ils ont besoin pour grandir, indépendamment de la configuration familiale et conjugale qu’ils vont se donner pour le faire. Et de quoi un enfant a-t-il besoin pour grandir ? Non pas tant d’un père et d’une mère mais d’être confronté à la double dimension dite « maternelle » et « paternelle » d’une fonction, la parentalité, à incarner. De quoi s’agit-il ? En un mot, d’amour et de limite, d’attachement et de séparation, de possession et de renoncement… Et rien ne dit, dans l’absolu, quel est le scénario familial et conjugal requis et qui doivent en être les acteurs ! Car il s’agit d’avantage d’une fonction à incarner que d’un rôle à jouer!

Alors pas question de prétendre savoir quelles sont les qualités d’un bon père ni de déplorer le cas échéant son absence. Ce qui compte, c’est que l’enfant trouve sur son chemin les personnes qui conviennent pour lui apporter, tant au plan « maternel » que « paternel », ce dont il a besoin, en fonction de son âge, pour grandir.

Daniel Coum interviendra dans le cadre de la journée "La place des pères" à l'attention des acteurs du Réseau parents en Aveyron
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