L’angoisse peut être utile…

Auteur : Laurine Leseultre, psychologue clinicienne

Pour certains, il faudrait éradiquer l’angoisse. Mais, que vient-elle dire de notre humanité, de notre psychisme ? Pourquoi est-ce à elle que j’ai affaire lorsque j’écoute mes patients ? Elle pousse en tout cas, à venir parler dans le cabinet du psychologue, venir parler de celle qui oppresse, de celle qui empêche, voilà le paroxysme. Il faut consulter.

Que faire de mes angoisses de parent, que faire des angoisses de mes enfants ? Sont-elles liées ? Se ressemblent-elles ? Autant de questions qui traversent.

Nous pouvons apporter une distinction et une forme de continuum avec sa petite sœur qui se prénomme anxiété. L’anxiété est adaptée à une situation, elle a une raison d’exister et l’individu peut en identifier les causes. Elle serait plutôt du côté du conscient. L’angoisse elle, qui surgit avec son lot de signes physiologiques (souffle court, augmentation du rythme cardiaque, gorge serrée…) n’est pas forcément identifiable au préalable et « prend » littéralement le sujet. Il s’agit d’une manifestation de corps qui bloque la pensée. Le sujet voudrait que cela s’arrête et ne peut rien en dire. Le pourquoi reste mystérieux et c’est avec le travail thérapeutique qu’il faudra en débusquer le sens ou à peu près, cerner de quoi il peut s’agir pour reprendre un minimum la main.

Un ado venant consulter pour « impossibilité d’y retourner ». Où ? Au collège ! Le «COVID , l’isolement, l’ordi, la maladie (peut-être la mort) occupent toute la place durant une période. Ensuite, revient le collège avec le masque ! La panique se manifeste après chaque période de vacances et le fait « d’y retourner » devient insupportable. L’idée de voir ses amis et l’envie d’apprendre sont bien présentes mais cette emprise du corps qui dit « non » elle, inconsciente, est incompréhensible. Ici, le travail thérapeutique consistera à convoquer l’histoire familiale, se situer par rapport à celle-ci et prendre l’envol nécessaire au « devenir grand ». Au bout d’un an, des projets se font jour, il est possible de remettre les pieds au collège avec un emploi du temps aménagé et des notes plutôt bonnes. Travail possible avec une coopération enseignante, des professionnels investis, des parents demandeurs d’aide et des jeunes patients plein de vie.

L’angoisse a trouvé une adresse …

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Bibliographie : Dictionnaire de la psychanalyse, Roland Chemama et Bernard Vandermersch, Larousse / L'anxiété et l'angoisse, Que Sais-je ? André Le Gall, Puf / Cent mots pour l'entretien clinique, Benjamin Jacobi, Erès
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