Les troubles du comportement alimentaire (Tca) des adolescents : les repérer, en parler, se faire aider.

Auteur : Dr Bernard Caurier-pédiatre-responsable du service de pédiatrie au CH de Rodez

L’adolescence est une période de transformation, physique  et psychique, intense : croissance staturale rapide, modification de la corpulence et de la répartition muscles-graisses, modification des organes génitaux, autonomisation/parents, modifications des rapports aux pairs de même sexe et du sexe différent…Période de turbulence, à la fois fragile, questionnante, source d’inquiétudes mais aussi  d’énergie, de renouveau et pleine de promesses. C’est une période où les TCA sont particulièrement fréquents.

Certains facteurs favorisants ont été décrits mais ne sont ni constants ni exclusivement responsables de TCA. J’en cite  quelques uns : antécédents familiaux de TCA, difficultés alimentaires dans la petite enfance avec une attention excessive à l’alimentation (peur que l’enfant ne mange pas assez ou trop), antécédents d’obésité, pratique de certaines activités sportives ou culturelles (danse classique, gymnastique)…

Indépendamment de ces facteurs, il existe de multiples facteurs déclenchants du plus anodin au plus grave : remarque sur le poids de la part d’un parent, médecin ou camarade, copine qui a elle même un TCA, harcèlement scolaire ou sur les réseaux sociaux, conflits familiaux, maladie ou décès d’un proche, agression sexuelle (parfois dans la petite enfance)…

Mais surtout, il faut retenir que chaque histoire d’un (e) adolescent (e) ayant un TCA est une histoire unique où plusieurs facteurs sont intriqués dans le déclenchement et la pérennisation du trouble alimentaire.

Plutôt que de décrire chacun de ces troubles (faire le diagnostic est le rôle du médecin), je vais m’attacher à citer les signes et symptômes d’appel qui doivent aider les parents, l’entourage, à repérer le plus tôt possible un TCA :

  • Diminution progressive des apports alimentaires (avec des stratégies telles que : étaler dans l’assiette les aliments pour donner l’impression qu’il y a en a plus, couper les aliments en tout petits bouts, suppression de certains repas…) et/ou prises excessives d’aliments (pendant ou entre les repas, parfois la nuit)
  • Suppression progressive des aliments sucrés et gras
  • Restriction de certains groupes alimentaires avec des régimes très codifiés : végétalisme (aucun produit alimentaire d’origine animale : viandes, poissons, œufs, produits laitiers) voire véganisme (pas d’aliment ni aucun produit d’origine animale  laine, cuir…), régime sans gluten et sans lactose, à base de graines-fruits-légumes crus…
  • Attention excessive aux menus, aux étiquettes sur les aliments industriels (comptage des calories)
  • Attention excessive à l’alimentation des autres membres de la famille
  • Douleurs abdominales avant ou pendant les repas justifiant le fait de ne pas manger ou de manger de petites quantités
  • Vomissements le plus souvent cachés ; va aux WC après les repas, parfois vomissements mis dans des sacs poubelle
  • Prises excessives de boissons : eau, tisanes pour se remplir, éviter d’avoir faim et parfois faciliter des vomissements
  • Amaigrissement souvent caché par des vêtements plus amples ou à l’inverse prise de poids excessive
  • Préoccupation excessive de son poids avec des pesées quotidiennes, mesure de son périmètre abdominal, de ses cuisses
  • Déni de sa maigreur : se trouve grosse alors que  déjà maigre
  • Se couvre davantage parce ce qu’elle (il) a froid
  • Constipation
  • Augmentation de l’activité physique ; reste debout le plus souvent possible, monte et descend  les escaliers, fait des abdominaux, des pompes dans sa chambre, fait davantage de course à pied et/ou du vélo…et dans un 2ème temps diminution de l’activité physique du fait de la fonte musculaire
  • Disparition des règles
  • Diminution des contacts avec les camarades de classe

L’installation des troubles peut être rapide et alors plus facilement repérable mais elle est plus souvent progressive, insidieuse et les explications données par le jeune peuvent au début donner le change. L’association de ces signes est évidemment différente d’un jeune à l’autre.

Si vous avez des doutes, il est utile d’en parler en couple (ou avec d’autres personnes de votre entourage) puis d’en parler avec votre jeune de façon claire par exemple :  « je suis inquiet(e) parce que j’ai remarqué que tu ne mangeais plus beaucoup ; qu’est ce qui se passe ? » Il est important de pouvoir interroger votre adolescent sur les autres aspects de sa vie : vie amicale, amoureuse, scolaire …

Une reconnaissance précoce de ces troubles alimentaires facilitera grandement  la guérison.

Il ne faut pas hésiter à consulter un médecin, qui pourra proposer, après avoir confirmé le TCA (toutes les modifications alimentaires et corporelles ne sont pas d’origine psychique), une prise en charge somatique et psychologique (thérapie familiale, psychothérapie individuelle). Cette prise en charge peut parfois être longue et nécessiter une hospitalisation.

Des ressources dans votre département:

  • Maison départementale des adolescents d’Aveyron. Tel 09 74 97 46 11. Bâtiment A place Foch Rodez
  • Service de pédiatrie. CH de Rodez. Tel 05 65 55 20 30/ Service de pédopsychiatrie (UMPA : unité pour adolescents 12-16 ans). Tel : 05 65 55 16 80

Un site internet pour en savoir plus:

En conclusion : être attentif à tout changement du mode alimentaire et de la corpulence ; parler avec l’adolescent de tout le reste et pas uniquement de l’alimentation et du poids ; se faire aider par des soignants.
Mentions légales | Monenfant.fr | Plan du site