Après-confinement : changer l’éducation ?

En cette période de déconfinement, les réflexions sur le « monde d’après » sont nombreuses. Sera-t-il différent ? Devra-t-il être différent ? Pourrait-il être différent ? On ne sait pas. Néanmoins, le confinement, l’incertitude, l’épreuve actuelle libère les espoirs et les imaginaires. Profitant du confinement pour se questionner sur l’éducation, voici trois axes de réflexion amenés par les parents confinés lors des groupes de réflexion mensuels.

 Est-on coupable de ne pas être un parent parfait ?

Le confinement n’a pas fait de miracle : une journée se limite toujours à 24h ! Avant le confinement, dans ce  24h, il fallait rentrer toutes les tâches matérielles liées à la famille (courses, lessive, ménage etc.), la vie professionnelle, l’accompagnement des enfants hors temps scolaire et périscolaire, la relation de couple, la vie sociale etc.

24h : une boîte dans laquelle tous les cubes devaient rentrer ! Quelle bataille !

Et puis, surprise, le confinement exige de nous que dans ces mêmes 24h, l’animation et l’accompagnement des enfants toute la journée ainsi que le suivi de l’instruction soient ajoutés ! Nouveaux cubes pour une boîte déjà pleine ! Résultat ? Il a fallu enlever des cubes pour pouvoir en mettre d’autres sinon c’était le burn-out ! C’est ainsi que des parents ont choisi de ne plus chercher à être parfait mais de juste regarder en conscience et avec humilité, ces endroits où ils s’éloignaient de leur idéal ! Le petit qu’on a mis devant un dessin animé, le grand dont on ne surveille plus le travail, les conflits sur lesquels on ferme les yeux…Avec le déconfinement, vidons notre boîte de 24h et voyons comment la remplir : il y a moins de cubes ! Alors voilà le premier cube qu’il nous faudrait poser : du temps pour nous, pour nous ressourcer, pour prendre soin de nous-mêmes, quitte à accepter de ne pas être un parent parfait. Il faut le faire le plus vite possible car notre boîte va vite se remplir à nouveau ! Un parent parfait mais stressé peut devenir toxique pour son entourage sans le vouloir.

 Notre rapport au temps est-il maltraitant ? Cela peut paraître paradoxal mais, pendant cette période de confinement, beaucoup de parents ont témoigné avoir eu l’impression d’avoir plus de temps !  Après réflexion, ils convenaient qu’ils avaient beaucoup plus de choses à assumer puisqu’il leur incombait d’occuper et d’instruire les enfants. Mais le confinement permettait un autre rapport au temps car le rythme des horaires rigides avait disparu ! Le lever pouvait être retardé si l’enfant était fatigué. Facile de déplacer l’activité pour ne pas interrompre l’enfant qui jouait. Les familles ont souvent instauré une organisation et des horaires mais ces derniers n’emprisonnaient pas. De nombreux conflits avec les enfants ont disparu avec la disparition du « Dépêche-toi, il est l’heure ! ». Faut-il alors repenser notre rapport au temps ? Repenser la course aux horaires pour l’après confinement ? Certains suggèrent de supprimer des activités hebdomadaires aux enfants. D’autres, choisir le télétravail ou l’instruction à la maison pour les plus jeunes.  Continuer les courses en drive ? Une envie : ne plus caler le rythme de vie de la famille sur celui imposé par l’extérieur sans oublier néanmoins de s’inclure dans cet extérieur. Se lever plus tôt pour prendre le temps de vivre avant d’être emporté par le rythme infernal de la journée ?  Après le déconfinement, repenser la relation au temps pourrait apaiser certaines tensions enfants/parents.

Serait-il temps de concevoir plus de coopération éducative autour de l’enfant ? Au début du confinement, la demande adressée aux enseignants et aux parents a été de continuer à avancer dans les apprentissages initialement programmés dans les classes. Les enseignants ont donc transmis tant bien que mal leurs activités pédagogiques aux parents et aux élèves. Les parents devaient prendre une part active à ce programme de continuité pédagogique. Les principales remontées familiales récoltées au bout d’un mois : « je n’y arrive pas, je culpabilise et je commence à m’énerver ». Alors des liens se sont créés entre parents et enseignants. Des mails, des appels téléphoniques et la co-éducation si difficile à instaurer habituellement s’est petit à petit structurée. On s’est mis à travailler ensemble, à s’épauler, les enseignants s’adaptant à la réalité des parents, les parents épaulant les enseignants pour obtenir cette fameuse « continuité pédagogique ». Puis le mouvement de coopération s’est amplifié : des maisons d’édition ont mis leurs manuels scolaires en ligne, des radios ou TV ont mis en place des séquences de soutien aux apprentissages, sur les réseaux sociaux les parents ses sont mis à partager leurs méthodes… Et si on poursuivait ce mouvement de coopération éducative ?

Offrons un « monde d’après » différent à nos enfants : trois axes de changement à réfléchir !

Cet article est associé à une fiche spécial « Déconfinement »

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