Jeu et « Je »

Auteur : Jean-Claude Semet, Pédiatre

De tous les bébés mammifères, le bébé humain est le seul à naître alors que la construction de son cerveau n’est pas encore entièrement terminée.

Certes, il y a eu pour lui une première phase prénatale très active de construction cérébrale et de synaptogénése qui lui a permis de mettre en place de manière séquentielle ses différents appareils sensoriels mais la deuxième grande phase d’organisation cérébrale aura lieu après la naissance, et elle s’étendra même sur les trois ou quatre premières années de la vie, si ce n’est plus, et se fera donc au quotidien avec l’intervention de facteurs « extérieurs « favorisants ou au contraire peu favorables

Ayant toutes les capacités nécessaires à son bon développement il bénéficiera le plus souvent de facteurs favorisants : Bonne santé physique/Tempérament adaptatif et surtout attachement sécurisant

Par contre parfois certains facteurs vont entraver son épanouissement : Anomalies génétiques, Faible poids de naissance, Prématurité, Maladies graves de l’enfance, Malnutrition, Eléments de vie stressants, attachement insuffisant ou peu sécure.

C’est par le JEU qu’il construira son développement, le jeu apparaissant alors comme un des éléments fondateurs du développement de l’enfant.

Le jeu participe en permanence au développement de l’enfant, de la même façon que ce développement nourrit sans arrêt son jeu. (Jean EPSTEIN)

Et parents, professionnels de la petite enfance ou soignants il convient de nous interroger sur nos interventions et notre rôle dans ces étapes de développement.

Tout petit, les premiers jeux du bébé sont des jeux d’exploration. L’enfant met à la bouche, suce, touche, écoute, regarde, manipule : explore l’univers qui l’entoure mais cela n’a de sens que dans une relation avec autrui, car, il sait que l’autre (sa maman, son papa, sa nounou) n’est pas loin. Il ne peut vraiment jouer, explorer les objets autour de lui que s’il n’est pas dans l’inquiétude d’être abandonné. S’il se sent en sécurité intérieure, cela lui permettra ensuite de jouer seul puis progressivement à plusieurs

A partir de 18 mois, il apprend le monde en reproduisant des situations qu’il a vues, il imite (habille ou déshabille poupée, la promène, lui donne manger, aux petites voitures, les fait rouler, tomber…)

Puis Petit à petit (parallèlement au développement du langage) Ses jeux deviennent symboliques lui permettant d’intérioriser une situation, il joue et rejoue un moment qu’il a vécu pour l’intégrer, pour digérer ses émotions d’alors.

Pendant plusieurs années, il va avoir besoin de rejouer des situations vues ou vécues pour les intégrer psychiquement.  (Nécessité alors de jouets permettant de lui laisser libre cours à son imagination : poupées, figurines, Playmobils …)

Vers 4 ans, il est capable de jouer avec l’autre, de créer une histoire où chacun a une fonction, une place, un rôle en construisant (ou détruisant) des choses en semble…

Vers 5 ans, de façon alternative avec les jeux symboliques, il découvre les jeux de règles. ( jeux de société, ) où tous les joueurs doivent respecter la même règle, accepter qu’il y ait des gagnants et des perdants, c’est l’apprentissage de la vie.

Il apparaît alors nécessaire qu’il puisse alterner jeux qui font totalement appel à l’imaginaire (les «plays»), tout y est possible puisqu’on n’est pas dans le monde réel, et des jeux où l’on apprend (les «games») à jouer chacun son tour et à respecter les règles.

Ainsi, par le jeu, l’enfant développe son imagination, sa créativité, mais aussi son intelligence, sa capacité à exprimer ses émotions, puis, lorsque le jeu devient collectif, le vivre-ensemble : le JEU apparaît bien comme un des principaux vecteurs de développement.
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