Education et transmission

Saviez-vous à quel point votre parentalité vous ramène à l’éducation que vous avez reçue ?

Auteur : Jade Arestan-Mallet

Devenir parent à son tour, c’est aussi reparcourir l’éducation que nous avons reçu des nôtres, un pèlerinage qui peut se mener plus ou moins consciemment.

Dans nos attentes, nos exigences, nos injonctions ou nos réactions émotionnelles face à notre enfant, s’expriment bien plus qu’on ne le croit la voix de notre père et celle de notre mère : leurs manières de réagir, elles-mêmes tributaires de celles de leurs parents avant eux, et de leurs parents avant eux… Ces héritages invisibles, qu’on appelle « transgénérationnels » et avec lesquels je travaille énormément, nous les transmettons comme on nous les a transmis, non par le verbe mais par la manière d’être, implicitement, inconsciemment.

Certaines familles poursuivront des générations durant ces transmissions familiales, répétant la même bienveillance ou la même violence, la même souplesse ou la même sévérité.

D’autres familles choisiront de se construire à l’exact opposé, rejetant un modèle parental qu’elles ont jugé néfastes ou obsolètes.

Pourtant, il est important de conscientiser que loyauté et rébellion ne sont ici que deux faces d’une même pièce : dans les deux cas, l’éducation transmise est dépendante de celle qui fut reçue et n’en est donc pas tout à fait libre, appartenant moins au libre-arbitre du parent qu’à sa réaction face à un passé qui le dirige encore.

C’est par la conscientisation que l’on retrouvera réellement sa liberté éducative : que choisissez-vous de garder parmi les codes qui vous ont été transmis ? Que choisissez-vous de changer ? Mais surtout, pour quelles raisons ? Est-ce « pour ne pas ressembler à votre mère/père » ou est-ce pour vous trouver vous-même, dans toute votre unicité, en paix et aligné dans ce qui vous semble juste et bon à la fois pour vous et pour votre enfant ?

L’exemple le plus parlant que je puisse donner sera celui que j’appelle le/la Critique Intérieur, concept particulièrement utilisé en psychologie humaniste et que j’aime à détricoter avec ceux que j’accompagne. Vous le connaissez bien : c’est cette petite voix à l’intérieur de vous qui vous murmure sans cesse que vous n’êtes « pas assez (bien, bon/ne, patient/e) », que vous n’auriez « pas du », qu’il « faudrait que », que vous ne devez pas être en colère, que vous ne devez pas pleurer, que vous devez « être parfait(e) sinon rien ». Cette voix qui juge, critique et exige en permanence de vous-même de sorte que vous jugerez, critiquerez et exigerez également des vôtres, à commencer par votre compagnon ou vos enfants. Si vos parents ont eux-mêmes subi de manière très forte cet auto-jugement, l’enfant que vous étiez a inévitablement intégré en lui-même un Critique Intérieur très dominant aussi. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’appartient qu’à vous de le réapprivoiser afin d’éviter à vos enfants de l’intégrer à leur tour ! Cela vous demandera de travailler sur l’amour et l’estime de vous-même, de vous offrir toujours plus à vous-même de tolérance, de disponibilité, d’écoute intérieure et de douceur.

J’entends bien des parents me dire qu’ils ont alors l’impression de prendre trop de temps pour eux, de s’occuper de leur petit nombril et d’être trop égoïste. Je vous prie de croire que c’est tout le contraire : car cultiver en vous-même ces bienfaits, c’est les offrir en partage à vos enfants, c’est leur enseigner par l’exemple de ce que vous êtes (et non de ce que vous dites) à cultiver eux aussi l’amour et l’estime d’eux-mêmes, à apprendre eux aussi à se montrer plus tolérant, plus disponible, plus à l’écoute et plus tendre avec eux-mêmes, et donc avec les autres. Le travail se fait toujours du dedans vers le dehors, et non pas dans l’autre sens. Et de la même manière que vos enfants vous apprennent à retrouver votre Enfant Intérieur, ce Petit-Vous de 6-7 ans toujours présent en vous-même et que vous apprenez à redécouvrir dans toute sa joie et sa créativité lorsque vos enfants vous poussent à sauter sur le lit, à chahuter et à rire, à manger le dessert avant l’entrée, à faire des collages et des dessins ou à sauter dans la boue, vous leur apprendrez à préserver cet espace en eux, cet espace de création, de joie et de légèreté d’être, un espace libre de jugement, un espace où chaque membre de la famille pourra être accueilli comme il est et pour qui il est

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Jade Arestan-Mallet, thérapeute et formatrice au service de l’intelligence émotionnelle
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